« Nous allons préserver le Brésil. Maintenant et fièrement. On ne veut pas voir des ONG venant de Norvège ou des Pays-Bas dire ce que nous devons faire. » Le ministre de la transition et futur chef de cabinet de Jair Bolsonaro, Onyx Lorenzoni, a déclaré lundi 12 novembre lors d’une conférence de presse que les Norvégiens devraient « apprendre » des Brésiliens sur la préservation des forêts.
Selon Lorenzoni, le Brésil a préservé 31 % de ses forêts, contre seulement 10 % pour d’autres pays dont le territoire est similaire à celui du Brésil. Alors qu’il était interrogé sur le Fundo Amazônia, utilisé pour financer des projets de préservation des peuples autochtones et de l'Amazonie, et dont la Norvège est le principal donateur, avec environ 2,8 milliards de reais entre 2009 et 2016, Onyx Lorenzoni a répondu : « Et la législation brésilienne, elle ne vaut rien ? Et les forêts norvégiennes, combien en ont-ils préservé ? Avec ses forêts le Brésil a préservé l'Europe entière, ou l'ensemble de l'Union européenne, plus cinq Norvèges. Ce sont les Norvégiens qui doivent apprendre des Brésiliens et non pas nous d’eux », a ajouté Lorenzoni.
« La Norvège a beaucoup appris »
Selon G1, le gouvernement norvégien a annoncé l’an dernier qu’il allait réduire de moitié les subventions au Fundo Amazônia parce que les taux de déforestation au Brésil avaient commencé à augmenter. La sortie de Lorenzoni n’a en tout cas pas échappé à l’ambassadeur de Norvège au Brésil, Nils Martin Gunneng, qui s’est fendu d’une réponse en trois temps sur Twitter.
L’ambassadeur a commencé par indiquer que « la Norvège avait beaucoup appris sur la protection d’environnement avec le Brésil. Le partenariat entre nos deux pays dure depuis dix ans » :
1/3 A #Noruega aprendeu muito a respeito de preservação ambiental com o #Brasil @onyxlorenzoni São 10 anos de parceria entre nossos países
— Nils Martin Gunneng (@NilsGunneng) November 13, 2018
Puis il a indiqué que les résultats du Fundo Amazônia étaient « impressionnants pour le monde. Nous sommes fiers d’y avoir contribué » :
2/3 e os resultados pelo #Brasil #FundoAmazonia @bndes são impressionantes para o mundo. Temos orgulho por ter contribuído @onyxlorenzoni
— Nils Martin Gunneng (@NilsGunneng) November 13, 2018
Et Nils Martin Gunneng a fini par inviter Lorenzoni à venir à l’ambassade pour « discuter de la forêt et des autres domaines de coopération entre la Norvège et le Brésil » :
3/3 @onyxlorenzoni será um prazer receber o Senhor na nossa Emb para conversar sobre a floresta e outros áreas do cooperação entre 🇧🇷🇳🇴
— Nils Martin Gunneng (@NilsGunneng) November 13, 2018
Sur Twitter, Onyx Lorenzoni a dû faire face à des critiques moins diplomates que celle de l’ambassadeur norvégien.
« Imaginez, la Norvège, un des pays les plus civilisés au monde, devant travailler avec les membres du gouvernement Tosconaro », écrit ainsi @cynaramenezes, avec un jeu de mots mêlant Bolsonaro et l’adjectif tosco (grossier)
imagina, gente, a noruega, um dos países mais civilizados do mundo, tendo que tratar com os integrantes do governo tosconaro https://t.co/NxX3BXM548
— cynara menezes (@cynaramenezes) November 13, 2018
Une actrice au ministère de l'Environnement ?
Parmi ces membres du futur gouvernement Bolsonaro, la place de ministre de l’Environnement reste à prendre. Lors de la conférence de presse qui l’a vu s’en prendre à la Norvège, Lorenzoni a expliqué que plusieurs noms étaient à l’étude. Jair Bolsonaro, qui avait un temps songé fusionner l’Environnement avec l’Agriculture, a déclaré début novembre qu’il ne voulait pas d’un « chiite » à ce poste. De là à proposer le ministère de l’Environnement à une comédienne, il n’y a qu’un pas que certains sont prêts à franchir. Selon plusieurs médias brésiliens, un groupe d'écologistes, d'économistes et de chercheurs a proposé au président élu le nom de l'actrice Maitê Proença, qui a affiché publiquement son soutien à Jair Bolsonaro dans une vidéo.
D’après Extra, même sans affiliation politique ou action politique, l'actrice a un bon réseau dans le domaine de l'environnement et de bonnes relations avec l’entourage de Bolsonaro. Invitée à réagir, Maitê Proença a expliqué que son nom, pour l'instant, n'est « qu'une idée ». Une drôle d’idée quand même ?