La Coupe du monde de la goujaterie et du machisme ordinaire ? Depuis le week-end dernier, une vidéo, où l’on peut voir un groupe d’hommes portant le maillot du Brésil entourant une femme vraisemblablement russe, circule dans les médias et sur les réseaux sociaux. Les supporters de la Seleção poussent la jeune femme à entonner avec eux, en portugais (qu’elle ne semble pas comprendre), des chants sexistes, faisant notamment référence à ses parties intimes. Un comportement jugé inacceptable par @ToniBulhoes sur Twitter :
Coxinhas brasileiros assediando garota russa, aproveitam o desconhecimento dela da língua portuguesa para abusar da cordialidade.
Isso tem que ser denunciado. pic.twitter.com/sfsEkWfJJP— Toni Lula da Silva Bulhoes (@ToniBulhoes) June 16, 2018
« Des petits bourgeois brésiliens qui harcèlent une jeune femme russe. Ils profitent de sa méconnaissance du portugais pour abuser de sa cordialité. Cela doit être dénoncé. »
« Le machisme, le harcèlement ce n'est pas une blague. »
Pour le compte twitter @QuebrandoOTabu, « l'excuse, comme toujours, est que "c'est juste une blague". Le machisme, le harcèlement, ce n'est pas une blague. Nous ne pouvons pas traiter comme quelque chose de naturel une vidéo où des hommes entourent et embarrassent une femme. »
Tá circulando nas redes sociais um vídeo de homens assediando e constrangendo uma jovem russa.
A desculpa, como sempre, é que "é só brincadeira". Machismo/assédio não é brincadeira.
A gente não pode tratar com naturalidade um vídeo onde homens cercam e constrangem uma mulher. pic.twitter.com/ZxFxU5elG3
— Quebrando o Tabu (@QuebrandoOTabu) June 17, 2018
Les messages de dénonciation se sont multipliés, relayés par célébrités ou anonymes brésiliens sur Twitter, Facebook ou Instagram. avec des hashtags dédiés : #NãoPassarão ou #MachismoNaCopa notamment.
Não foi uma brincadeira. Foi machismo, misoginia. Foi racismo. Um episódio lamentável de assédio, humilhação e sexualização gratuitas. Pra nunca mais se repetir. #NãoPassarão #MachismoNaCopa pic.twitter.com/YAMfDeg6Wm
— Mônica Martelli (@monicamartelli1) June 19, 2018
« Ce n'était pas une blague. C'était du machisme, de la misogynie. C'était du racisme. Un épisode lamentable de harcèlement, d'humiliation et de sexualisation gratuits. A ne jamais répéter. »
Trois Brésiliens identifiés
Trois des hommes qui apparaissent sur la vidéo citée plus haut ont été identifiés : Luciano Gil, entrepreneur du Piaui, Diego Valença Jatoba, ancien secrétaire au Tourisme de la ville d'Ipojuca (Pernambuco) et Eduardo Nunes, policier militaire à Santa Catarina. Selon le magazine Carta Capital, il y a peu de chances qu’ils soient poursuivis par les autorités russes, alors qu’au Brésil, ils seraient passibles d’une amende pour insulte offensante à la pudeur et pour avoir rendue cette humiliation publique. Le policier militaire passera devant un conseil disciplinaire à son retour.
Depuis, d’autres vidéos attestant de comportements sexistes de supporters brésiliens présents en Russie sont sorties, comme on peut le voir dans le reportage de Rede Globo ci-dessous.
São vários os vídeos de brasileiros praticando assédio contra estrangeiras durante a Copa do Mundo: torcedores pedem que mulheres repitam frases de cunho sexual. O comportamento machista e agressivo tem sido criticado nas redes sociais. https://t.co/Tye1BHKAKU #JornalOGlobo pic.twitter.com/UkJsJGJRyf
— Jornal O Globo (@JornalOGlobo) June 19, 2018
Autre lieu, autres participants, mais un scénario similaire : des hommes brésiliens invitent une jeune femme à répéter des phrases à connotation sexuelle, prononcées en portugais. Sur une autre vidéo, on voit des passagers d’un avion crier « Brasil ! » pendant les instructions d’une hôtesse de l’air, puis clamer « A loirinha é nossa! » (« La blondinette est à nous ! »).
Ces comportements ont eu un tel retentissement que Brasilia a dû exprimer sa désapprobation. Selon Agência Brasil, le ministère brésilien du Tourisme a affirmé, dans un communiqué, que« le machisme et la misogynie ne sont acceptables à aucun égard et encore moins lors d’un événement comme la Coupe du monde organisée pour promouvoir l'intégration entre les peuples et les cultures du monde entier ».
Reste que si certains supporters venus du Brésil sont pointés du doigt, ils ne sont pas les seuls. Le voisin et rival argentin s’était lui-aussi fait connaître de Moscou en termes sexistes : comme le rapporte R7, la Fédération argentine de football avait causé une polémique lors de la publication d’un guide sur la Russie destiné aux journalistes, entraîneurs, joueurs et dirigeants. Que trouvait-on à l'intérieur de l’ouvrage ? Des conseils pour séduire les femmes russes...