La course contre la montre a déjà commencé pour Camille Espagne et son équipe. L’objectif ? Faire la promotion de la 10e édition des Gay Games (ou Mondiaux de la diversité) et surtout trouver des fonds pour emmener la plus large délégation brésilienne possible à Paris, où se dérouleront les épreuves du 4 au 12 août prochains.
C’est ainsi qu’elle sera notamment ce mardi soir à partir de 19h15 à La Maison, l’espace culturel du consulat de France à Rio, où est organisée la session « Futebol pela diversidade » (« Football pour la diversité »), dans le cadre de la 8e édition du festival carioca CineFoot. Au programme, la projection d’un court-métrage documentaire suivie d’un débat sur le thème « sport et diversité ».
Des olympiades sportives et culturelles
Les Gay Games, c’est quoi ? Lancés en 1982 à San Francisco par le décathlonien olympique américain Tom Waddell, ces olympiades sportives et culturelles ont lieu tous les quatre ans et ont pour mission de promouvoir diversité, respect, égalité, solidarité et partage. Avec plus de 36 sports et 14 événements culturels, les Gay Games peuvent accueillir jusqu’à 15 000 participants, professionnels et amateurs, venus du monde entier (entre 8 000 et 13 000 pour les dernières éditions).
C’est lors de la présentation de l’événement par le comité directeur il y a quelques semaines à Rio que Camille Espagne, qui travaille depuis huit ans dans l’événementiel au Brésil, a eu le déclic. « Je connais les Gay Games depuis les années 1980, j’ai été très impliquée dans la lutte contre le Sida en France, donc j’ai trouvé cela touchant et j’ai voulu y participer », raconte-t-elle à Bom Dia Brésil.
Cinq participants brésiliens en 2014
A l’image de ces cinq participants lors de la dernière édition à Cleveland (Etats-Unis), le Brésil manque vraiment d’implication dans l’événement. C’est ainsi que Camille Espagne a monté une équipe franco-brésilienne pour créer une véritable délégation auriverde et que le pays ait une représentation digne de ce nom à Paris.
« Il faut fédérer et coordonner les fédérations et sportifs, créer une vraie stratégie de vente de l’événement, mais aussi un mouvement de supporters pour venir en France, une mobilisation forte pour une visibilité forte en somme », résume la Française, rôdée à ce type d’événement puisqu’elle a précédemment eu l’expérience de la Coupe du monde et des jeux Olympiques.
Entre 80 et 120 sportifs visés
La première mission n’est pas la plus difficile. « Les athlètes gays connaissent les Gay Games et sont enthousiastes, ils manquent juste de revenus pour s’y rendre », indique Camille Espagne, dont l’objectif est que sa délégation compte entre 80 et 120 sportifs – au moins cinq par discipline - issus de différentes minorités.
Parmi ces sportifs, on retrouvera notamment André Machado et ses BeesCats Soccer Boys, un groupe de footballeurs homosexuels de Rio, qui se réunissent toutes les semaines pour jouer ensemble. « C’est un ami volleyeur qui a participé aux derniers Gay Games qui m’en a parlé et j’ai trouvé cela formidable », déclare-t-il à Bom Dia Brésil. Coordinateur des footballeurs, le Paulistano espère pouvoir emmener trois équipes brésiliennes à Paris.
Une recherche active de sponsors
Même si les sportifs participeront à hauteur de 30 % de la valeur du voyage, il faudra trouver des fonds pour financer le reste. « Il y a de bons joueurs qui n’ont pas les moyens de voyager, alors, à partir de janvier, nous allons organiser des événements ainsi qu’une campagne de financement participatif pour réaliser notre grand projet de 2018 », indique André Machado.
De son côté, Camille Espagne va tenter de « toucher les entreprises, rechercher des sponsors ». « Je suis assez confiante, le sujet est à la mode, tout le monde a besoin de surfer dessus pour assumer sa responsabilité sociale », espère l’entrepreneure.
Un message pour le Brésil
Quant au public, avec l’expérience de l’#EspritBleu lancé avec succès pour les Jeux Olympiques afin de souder les supporters français du Brésil et d’ailleurs, Camille Espagne et son équipe ont eu l’idée de mettre en place un mouvement similaire baptisé #EspiritoBrasil (« #EspritBrésil »). « On l’a réussi pendant les JO, alors pourquoi pas renouveler l’essai ? » souligne la Française, qui voit toutefois plus loin : « Nous voulons en faire une véritable marque qui puisse aller au-delà des Gay Games et participer à d’autres événements ultérieurs (Tokyo 2020, etc.) afin d’intégrer la diversité dans la société ».
André Machado y adhère complètement, d’autant plus dans ces moments « d’important retour en arrière que connaît le Brésil actuellement ». « A Paris, ce n’est pas un message du Brésil que l’on apportera au monde, mais l’inverse, on ira là-bas pour montrer aux Brésiliens ce que les gays sont capables de faire et qu’ils peuvent être fiers de nous », conclut-il.