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Illustration principale : Zuzu Angel, la première styliste brésilienne rencontrant le succès à l'international (Ph. Instituto Zuzu Angel/DR

Qui était Zuzu Angel ?

Régulièrement, Bom Dia Brésil vous explique qui se cache derrière les noms de rues ou de stations de métro de certaines villes brésiliennes. Aujourd’hui, la première femme de notre série d'articles : Zuzu Angel.

Zuzu Angel a donné son nom au tunnel reliant les quartiers de Gavea et São Conrado, à Rio de Janeiro, à des rues situées à Belo Horizonte et à Curvelo (Minas Gerais), à Porto Alegre (Rio Grande do Sul), à Campo Grande (Mato Grosso do Sul).

Zuleika de Souza Netto naît à Curvelo, dans le Minas Gerais, le 5 juin 1921. Elle est surnommée Zuzu. Au cours de sa jeunesse passée à Belo Horizonte, puis à Salvador (Bahia), elle commence à coudre des vêtements pour ses poupées puis pour sa famille. Les couleurs et la culture bahianaises laisseront une forte empreinte sur ses futures créations. Zuzu rencontre en 1940 l’Américain Norman Angel Jones, avec qui elle se marie en 1943. Elle se fait dès lors appeler Zuzu Angel. Leur fils naît en janvier 1946. Puis, en 1947, la famille déménage à Rio de Janeiro. Y verront le jour deux petites filles, Hildegard et Ana Cristina. Le couple se sépare au début des années 1960, mais Zuzu conserve le nom de son époux.

La naissance d’une styliste

La collection « Lampião e Maria Bonita », empreinte de culture brésilienne, sera vendue à Bergdorf, aux Etats-Unis. (Ph. Instituto Zuzu Angel/Divulgação)

A la fin des années 1950, Zuzu Angel décide de professionnaliser ses créations vestimentaires et d’en faire son métier. Elle installe son premier atelier dans son appartement carioca, à Ipanema. Les tenues qu’elle confectionne sont faites à partir de soie, de dentelles, de rubans. Elle explore la culture brésilienne, exploitant les motifs de papillons, d’oiseaux et de perroquets, mais aussi l’ange provenant de son nom, qui devient sa marque de fabrique. Zuzu mêle également aux tissus des matériaux tels que le bambou, les coquillages, le bois et même des pierres semi-précieuses. Une formule qui fait succès auprès de ses clientes toujours plus nombreuses. Elle habillera même Sara Kubitschek, alors Première dame du Brésil, ou encore les actrices américaines Joan Crawford et Kim Novak.

Un succès auprès des femmes qui, accompagné de quelques bons contacts, lui permettent de développer son activité aux Etats-Unis. En 1966, elle vend sa collection « Lampião e Maria Bonita » au fameux magasin Bergdorf Goodman. Ses collections s’exportent et elle commence à organiser des défilés de mode à New York.

La disparition de Stuart

Alors que Zuzu recherche activement son fils, elle n'arrête pas pour autant de créer de nouvelles tenues. (Ph. Instituto Zuzu Angel/Divulgação)

Un événement tragique vient cependant ternir cette réussite professionnelle. Au matin du 14 mai 1971, Stuart, son fils, alors âgé de 25 ans, disparaît. Il était un militant actif du Mouvement révolutionnaire du 8 octobre (MR-8), un groupe armé combattant la dictature militaire instaurée en 1964 au Brésil. Si la police le déclare disparu, Zuzu est certaine qu’il a été arrêté et assassiné en raison de sa lutte politique. Elle se dédie alors entièrement à la recherche d’informations le concernant et se veut la voix de toutes les mères dont les enfants ont disparu sous la dictature.

L’année de la disparition de son fils, elle organise chez l’ambassadeur du Brésil aux Etats-Unis un défilé-protestation, qu’elle appellera « la première collection de mode politique au monde ». Les tenues présentées portent notamment des brassards noirs, des tanks, des oiseaux enfermés dans des cages.

Une mort tragique

Cependant, en 1975, elle reçoit une lettre d’un ancien prisonnier politique, Alex Polari de Alvarenga, détenu en même temps que Stuart à la base aérienne de Galeão, qui lui affirme que le jeune garçon avait été torturé et qu’il avait entendu des militaires évoquer son décès.

Le 14 avril 1976, alors qu’elle sortait du tunnel des Dois Irmãos (nommé désormais Zuzu Angel), à Rio, sa voiture dérape, s’écrase contre le mur de protection, fait des tonneaux et sort de la route. Elle meurt sur le coup. Sa fille Hildegard remettra en question la thèse officielle de l’accident. La styliste recevait de nombreuses menaces de mort et avait laissé quelques jours auparavant à des amis de confiance une note : « S’il devait m’arriver quelque chose, si je devais mourir dans un accident, une attaque à main armée ou par tout autre moyen, ce sera l’oeuvre des assassins de mon fils bien aimé. » Des années plus tard, la Commission spéciale des morts et disparus politiques mènera l’enquête. Au vu des témoignages, elle reconnaîtra la dictature militaire comme responsable du décès de Zuzu Angel.

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