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A Brumadinho, le 26 janvier (Agência Brasil)

Ça fait du ramdam au Brésil : la poésie prophétique de Drummond sur Brumadinho

Grand poète brésilien, Carlos Drummond de Andrade (1902-1987) avait-il prédit la catastrophe de Brumadinho ? Alors que le bilan de la rupture d’un barrage vendredi 25 janvier dans la petite ville du Minas Gerais s’élève ce mercredi à 84 morts et 276 disparus, Lira Itabirana, un poème que Dummond a écrit en 1984, a fréquemment circulé sur les réseaux sociaux, comme sur le compte de Livro & Cafe :

Il y est question de rivière douce, de Vale amère, de compagnies publiques, de multinationales, de dette interne, de dette externe, de dette éternelle. La dernière strophe est peut-être la plus marquante :

Quantas toneladas

exportamos De ferro?

Quantas lágrimas

disfarçamos Sem berro?

Combien de tonnes

de fer exportons-nous

Combien de larmes

sans criez déguisons-nous ?

Itabira, ville natale de Drummond... et de Vale

Carlos Drummond de Andrade (Wikipedia)

Comme le relève O Globo, ces vers quasi-prophétiques de Drummond ont gagné en popularité depuis 2015 et le premier désastre minier de Mariana (Minas Gerais), où la responsabilité de la compagnie Vale do Rio Doce était déjà engagée. Et ce d’autant plus que le titre du poème fait référence à la ville natale du poète, Itabira (à une centaine de kilomètres de Belo Horizonte), où fut également fondé le groupe minier Vale.

Selon O Globo, Drummond s’était rapproché de sa ville natale à la fin de sa vie, après s’en être éloigné en raison des ravages causés par l’industrie minière.

Sur Twitter, nombreux sont ceux qui se saisissent de son poème pour se joindre à la polémique née de la catastrophe de Brumadinho.

Pour @falhadcobertura, « il y a 35 ans, Carlos Drummond de Andrade a écrit un poème sur la destruction de l'environnement par Vale. Mais vous croyez que Vale a ignoré le poème et qu'il a continué à détruire l'environnement ? Ouais, eh bien, je suppose que la poésie seule ne résout pas le problème... »

« S'il vous plaît, arrêtez de transmettre la vision paradisiaque de Vale avant la privatisation. Drummond n'était pas un prophète, il était un poète, et il a dépeint ce qu'il a vu et vécu dans ses vers. Le poème date de 1984, et Vale était déjà amer pour les villes où elle opérait », écrit pour sa part @Cochise :

Le groupe Vale, dont la cote boursière avait chuté de 24 % lundi 28 janvier, n’a en tout cas pas semblé en vouloir à Drummond de l’amertume exprimée à son égard.

Comme le relève @LuizaMBarros, « le plus ironique, c'est que, malgré toutes les critiques que Drummond a adressées à Vale, l'entreprise s'est inspirée de lui dans une annonce publicitaire de 1970, qui célébrait les profits tirés de l'exportation de minerai de fer » :

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