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La tristesse de Gustavo, supporter brésilien, à la fin de Brésil-Belgique à la Favela Chic, le vendredi 6 juillet 2018 (C.CHAUVEL/BOM DIA BRESIL)

Mondial 2018 : de l’euphorie à la samba triste pour les Brésiliens de Paris

Il fallait arriver tôt vendredi soir pour être bien installé au club-restaurant Favela Chic à Paris et assister au quart de finale Brésil-Belgique. Les différentes salles de l’un des quartiers généraux auriverde dans la capitale pour ce Mondial sont pleines à ras bord au coup d’envoi, à 20h, heure française.

Les Français derrière la Seleçao

Le public est des plus variés : des Brésiliens évidemment, mais pas que. Derrière nous, coincé contre un mur sur un escalier, un couple qui paraît franco-brésilien : monsieur avec un polo à coq et drapeau tricolore dessiné sur les joues, madame en tenue courte, en haut comme en bas, entièrement jaune et verte. « En fait, je suis Marocaine, mais avec mon mari, nous sommes amoureux du Brésil, nous avons été plusieurs fois là-bas », nous précise cette dernière.

Quelques jeunes en maillot de l’équipe de France descendent aussi des caipirinhas dans l’assemblée. « On veut France-Brésil en demi-finale », affirment-ils. Cette affiche fait clairement rêver l’Hexagone. Jouer la Seleçao (et les battre), c’est presque gagner la Coupe du monde.

Neymar et Thiago Silva acclamés

Brésil-Belgique à la Favela Chic, le vendredi 6 juillet 2018 (C.CHAUVEL/BOM DIA BRESIL)

Comme d’habitude, l’hymne brésilien est repris avec ferveur par tout le monde, même après que la musique s’est arrêtée. A l’applaudimètre, les gros plans sur Neymar et Thiago Silva remportent le plus grand succès. Nous sommes bien à Paris. Le coup d’envoi est donné dans la foulée et les premières injures envers les Belges et l’arbitre fusent : tout le répertoire brésilien y passe.

Mais dès la 13e minute, c’est la douche froide : but de Fernandinho contre son camp. C’est un énorme « p... que pariu » qui résonne à travers les salles de la Favela Chic. Quelques secondes pour s’en remettre et le Paulistano Gustavo, dans notre dos, se met à sauter en criant « Brasil ! Brasil ! ». Tout l’établissement reprend le chant en chœur et voilà notre jeune étudiant institué leader des supporters.

« Eu acredito ! Eu acredito ! »

Suant dans la chaleur des lieux non climatisés – nous sommes toujours bien à Paris -, il enlève alors son maillot du Brésil et le fait tournoyer en l’air en lançant les différents chants des aficionados de la Seleçao. Et c’est alors que la Belgique met un second but à la 31e minute. Nouvelle claque pour le public de la Favela Chic.

Cela ne suffit pas à abattre Gustavo qui, après les quelques secondes de choc silencieux, lance un « Eu acredito ! Eu acredito ! » (« J’y crois »), repris de nouveau par toute l’assemblée. Malgré la réduction du score à la 76e minute par Renato Augusto et un Gustavo plus enthousiaste que jamais, le Brésil ne reviendra pas. La Seleçao est éliminée de la Coupe du monde.

Pas d’hexa, mais toujours cinq étoiles

La Favela Chic se vide d’un coup. Dehors, la stupeur laisse néanmoins rapidement place à cette capacité des Brésiliens de, parfois, rapidement tourner la page. « Ce n’est pas grave, le plus important c’est ça », sourit Melissa, Brésilienne installée depuis huit ans en France en montrant les cinq étoiles au-dessus de l’écusson brésilien de son maillot. « Et maintenant, je vais soutenir la France ! »

Gustavo, toujours torse nu, est inconsolable, le regard dans le vide, errant sans savoir où aller ensuite. Nous demandons à son amie brésilienne, qui est elle aussi déjà passée à autre chose, pourquoi lui a l’air aussi mal. Elle répond en se pinçant les lèvres : « Il part demain en Russie, il a des billets pour la demi-finale… »

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