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Le candidat MDB à la présidentielle Henrique Meirelles (Agência Brasil)

Carnet de campagne : Meirelles y croit, Ciro à l'assaut d'Haddad, des couacs pour Bolsonaro

La campagne pour l’élection présidentielle 2018, dont les deux tours se dérouleront les 7 et 28 octobre, bat son plein au Brésil. Les principales histoires de la semaine sont dans notre carnet de campagne.

Ciro Gomes désigne son mème préféré

Cette semaine, les internautes brésiliens ont lancé sur Twitter le mot-dièse « O meme da minha vida » (« le mème de ma vie ») dans le but de présenter le mème symbolisant le mieux leur existence. Le candidat du Parti démocratique travailliste (PDT) s'est plié lui aussi à ce petit jeu vendredi en proposant celui-ci :

Henrique Meirelles, ce joyeux luron

Le candidat du Mouvement démocratique brésilien (MDB) poursuit sa campagne placée, sur les réseaux sociaux, sous le signe de l'humour et de la décontraction afin de casser son image de technocrate ennuyeux. Illustration une nouvelle fois cette semaine avec les coulisses du tournage de sa propagande télévisée :

Geraldo Alckmin voit déjà Fernando Haddad au second tour, pas Jair Bolsonaro

(Capture écran Globo)

A la traîne dans les sondages, le candidat du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB) veut croire en ses chances de second tour. A droite, cela se jouera entre lui et Jair Bolsonaro (Parti social libéral - PSL) qui, malgré les dernières enquêtes dans lesquelles il caracole en tête, n'est pas qualifié d'office pour autant, contrairement à son adversaire du Parti des travailleurs (PT), selon Geraldo Alckmin. « La courbe du candidat du PT est ascendante. Celle de (Jair) Bolsonaro non. Il a atteint le plafond et devrait chuter », a-t-il estimé mercredi, cité par Metro. Cette prédiction lui a été soufflée par le statisticien brésilien Paulo Guimarães, consultant auprès de campagnes politiques depuis près de 30 ans. Interrogé cette semaine par El Pais Brasil, celui-ci parie ainsi sur son poulain, le candidat du PSDB, voire Ciro Gomes (PDT) en lieu et place de Jair Bolsonaro. Pour lui, le vote du candidat du PSL n'est pas celui « de la compétence, c'est celui de protestation, de la haine envers l'autre camp ». Or, « si l'électeur se rend compte qu'il peut vaincre le PT sans la haine, il peut changer », ajoute-t-il. « Pour cela, l'un des autres candidats du centre doit apparaître avec un vote qui donne de l'espoir à l'électeur. Et cela se décidera dans les trois derniers jours. Si l'un de ces candidats atteint (la fin de la campagne électorale) avec 15 % et (Jair) Bolsonaro a 25 %, c'est possible », conclut-il.

Le football brésilien se déchire autour de Jair Bolsonaro

Le candidat du PSL déchaîne également les passions des footballeurs et de leurs supporters. Dans la foulée de son soutien à Lucas Moura (Tottenham), qui avait affiché ses positions pro-Bolsonaro sur Twitter, l'attaquant de Palmeiras, Felipe Melo, a remis ça dimanche dernier en profitant d'être interrogé après un match contre Bahia pour dédier son but à Jair Bolsonaro, « notre futur président ».

Son club a réagi immédiatement en se désolidarisant des propos de son joueur, affichant un ton de neutralité. Mais cette sortie n'a pas plu à certains groupes de supporters de Palmeiras, qui ont appelé jusqu'au renvoi du joueur du club paulistano, selon UOL. Dans la foulée, des groupes de supporters de clubs rivaux à Palmeiras, Corinthians et Santos, en ont profité pour s'afficher ouvertement jeudi contre le candidat du PSL et ses idées, indiquant par voie de communiqué que leurs membres ne voteraient pas pour lui. A l'inverse, des supporters de l'Atlético Mineiro risquent de faire pénaliser leur club pour avoir entonné dimanche dernier des chants homophobes et pro-Bolsonaro à destination de leurs rivaux de Cruzeiro lors du derby de Belo Horizonte, d'après la Tribuna do Parana.

Henrique Meirelles se voit vainqueur dès le premier tour

Les sondages se suivent et se ressemblent pour le candidat MDB, bien au chaud dans le peloton des « petits » candidats à 1 ou 2 % d'intentions de vote. Mais, faisant fi de ces prédictions faméliques, Henrique Meirelles a affirmé mercredi qu'il se voyait bien remporter la présidentielle dès le premier tour. « Il y a une croissance très constante (dans les enquêtes). J'avais moins de 1 % dans les premières, maintenant je suis à 3 % et dans nos enquêtes internes, j'ai déjà 4 %. En conservant cette croissance, je crois en la victoire au premier tour. Je suis dans une dynamique, il suffit de conserver ce rythme de croissance. Je dispose de toutes les informations disant que je vais remporter l'élection », a-t-il déclaré, cité par Exame. A suivre...

Jair Bolsonaro met ses proches alliés en sourdine

Le général Mourão, candidat à la vice-présidence aux côtés de Jair Bolsonaro (Wikipedia)

Alors que son rétablissement à Sao Paulo est sur la bonne voie, le candidat du PSL a commencé cette semaine à redevenir actif sur les réseaux sociaux, postant ces deux derniers jours autre chose que des vidéos de lui en train de marcher dans les couloirs de son hôpital ou de délivrer des messages avec une sonde dans le nez. Et il était temps car ses plus proches alliés, à savoir son candidat à la vice-présidence, le général Mourão, et son conseiller économique (et futur ministre de l'Economie), Paulo Guedes, ont pris des libertés écornant sa campagne. Le premier a fait plusieurs sorties controversées ces derniers jours (favorable à une nouvelle Constitution qui ne soit pas rédigée par des élus et assimilant les enfants de mères célibataires à de futurs délinquants), tandis que le second a égrené de futures mesures économiques peu populaires comme le retour à la CPMF (Contribution provisoire sur les mouvements financiers). Cette taxe sur tous mouvements bancaires devait, comme son nom l'indique, être provisoire, pour contribuer au secteur de la santé, mais a finalement été instituée 11 ans durant, de 1996 à 2007. Elle a rapporté en tout 223 milliards de reais, dont 33,5 milliards ont été utilisés pour subvenir à d'autres secteurs. Une action qui serait malgré tout bien impopulaire et que Jair Bolsonaro s'est empressé de démentir, demandant au passage à son conseiller économique de réduire ses activités électorales.

« J'ai voté pour l'abrogation de la CPMF à la Chambre des députés et je n'ai jamais envisagé son retour. Notre équipe économique a toujours exclu toute hausse d'impôts. Celui qui répand cela est un menteur et irresponsable. Marché libre et moins d'impôts est ma devise pour l'économie ! »

Le mal était fait, ses principaux adversaires avaient déjà tous pris Paulo Guedes au mot, en profitant pour accuser le candidat du PSL de vouloir toucher les Brésiliens au portefeuille.

Fernando Haddad dans la ligne de mire de Ciro Gomes

Ciro Gomes (Agência Brasil)

Alors que le candidat du PT a fini par dépasser tous les outsiders dans les sondages, dont Ciro Gomes (PDT), ce dernier est désormais forcé de braquer toutes ses attaques à son encontre, pointant du doigt son statut de deuxième choix, assorti d'une personnalité sans envergure. « Le Brésil ne peut supporter à nouveau un président faible qui doit consulter son mentor. C'était le cas de Dilma (Rousseff), une personne sans expérience et sans maturité politique, élue grâce à la popularité de Lula et qui, au moment de la crise, a nommé Lula ministre (ce que la justice a empêché, ndr). S'il est en difficulté, que va faire (Fernando) Haddad ? Aller à Curitiba ? » a-t-il lancé mercredi, cité par UOL. Le candidat du PT lui a indirectement répondu par média interposé, affirmant que oui, il continuerait d'aller rendre visite en prison à Lula s'il était élu : « Il sera mon interlocuteur permanent, c'est une personne que j'admire profondément, victime d'une injustice qui sera réparée le plus rapidement possible. »

Fernando Henrique Cardoso appelle à une union du centre

L'ex-président du Brésil (1995-2002) est inquiet. Dans une lettre parue jeudi soir sur Facebook , il a évoqué une situation actuelle « sombre » et insisté sur la nécessité d'une union du centre, sans citer de candidats en particulier, afin de faire face à la « marche de la folie ». « Il est temps de joindre nos forces et de bien choisir, avant que les événements ne nous entraînent dans une dangereuse radicalisation. Pensons au pays et pas seulement aux partis, à tel ou tel candidat. Sinon, il sera impossible de changer la vie des gens pour le meilleur. C'est ce qui est en jeu : le peuple et le pays. La Nation est ce qui compte en ce moment décisif », écrit Fernando Henrique Cardoso.

Anitta au coeur d'une controverse autour de Jair Bolsonaro

La chanteuse brésilienne Anitta (DR)

La chanteuse brésilienne a été mise sous la pression de ses fans cette semaine après une action anodine : elle s'est mise à suivre mercredi sur Instagram le profil d'une personne ouvertement pro-Bolsonaro. Selon Anitta, cela n'a rien à voir avec un quelconque positionnement politique, c'est son amie depuis sept ans, a raconté UOL. Une justification pas suffisante pour les internautes brésiliens dont un grand nombre a alors adopté le mot-dièse #AnittaIsOverParty (Anitta, la fête est finie), qui a été jusqu'à occuper la première place des tendances sur Twitter, insistant pour que la chanteuse affiche une position claire contre Jair Bolsonaro. Prudente, Anitta a tenté de montrer entre les lignes qu'elle ne soutenait pas le candidat du PSL, en réaffirmant notamment son soutien à la cause LGBT et à la lutte contre le machisme, tout en refusant de s'impliquer politiquement et d'adhérer au mot-dièse anti-Bolsonaro en vogue ces derniers jours #EleNao (Lui non). « Un positionnement ne s'affiche pas via un mot-dièse. Un positionnement s'affiche lors de toute une vie en fonction de notre travail et de ce que nous faisons. Nos attitudes parlent beaucoup plus que tout ce que nous pouvons dire ou poster », a déclaré Anitta lors d'un concert vendredi soir en guise de conclusion du débat.

Fernando Haddad cible principale du 4e débat télévisé

Le candidat à la vice-présidence du PT, Fernando Haddad, le 1er septembre (Flickr/Lulaofficial)

Cette fois, le pupitre du PT était affublé d'un candidat, tandis que celui du PSL était vide - ainsi que celui de Cabo Daciolo, toujours sur sa montagne. Le 4e débat télévisé qui s'est déroulé jeudi soir était également particulier puisqu'il était accueilli par la Conférence nationale des évêques brésiliens (CNBB) au sanctuaire national d'Aparecida (São Paulo) et retransmis sur la chaîne catholique TV Aparecida. Sept candidats principaux étaient ainsi présents pour répondre à des questions posées par des membres de l'église catholique brésilienne dans l'idée d'aider ses fidèles à voter.

Enfin présent, le PT, représenté par Fernando Haddad, a concentré la majorité des attaques, principalement des candidats de droite et centre-droit comme Geraldo Alckmin (PSDB), Alvaro Dias (Podemos) et Henrique Meirelles (MDB), qui s'en sont pris à son bilan au pouvoir ainsi qu'aux affaires de corruption le touchant. Si Fernando Haddad a été obligé de répondre à ces attaques la majorité du temps, il a aussi tenté de jouer la carte d'opposition formelle aux réformes en cours du gouvernement Temer, liant ses adversaires du camp adverse à celles-ci.

Les trois autres candidats de gauche et centre-gauche, Ciro Gomes (PDT), Marina Silva (Rede) et Guilherme Boulos (Psol), ont surtout tenté de se différencier des idées du PT et de se présenter en alternative pour attirer son électorat. Malgré son absence, Jair Bolsonaro (PSL) n'a pas été complètement oublié puisque certains candidats comme Marina Silva et Henrique Meirelles ont esquinté son programme économique et notamment un éventuel retour de la CPMF (lire plus haut).

Le point sur les derniers sondages

Cette semaine, les enquêtes d'Ibope et Datafolha ont confirmé deux tendances : les montées de Jair Bolsonaro (PSL) et surtout de Fernando Haddad (PT). Le premier obtient 28 % des intentions de vote pour les deux instituts, contre 19 % pour le second (+11 % en une semaine) chez Ibope, 16 % chez Datafolha. Suivent Ciro Gomes (PDT) avec 11 % chez Ibope et 13 % chez Datafolha, Geraldo Alckmin (PSDB) avec 7 % chez Ibope et 9 % chez Datafolha, et Marina Silva (Rede) avec 6 % chez Ibope et 7 % chez Datafolha.

En termes de rejet, Jair Bolsonaro est à 42 % chez Ibope et 43 % chez Datafolha, Fernando Haddad à 29 % chez les deux, Marina Silva à 26 % chez Ibope et 32 % chez Datafolha, Geraldo Alckmin à 20 % chez Ibope et 24 % chez Datafolha, et Ciro Gomes à 19 % chez Ibope et 22 % chez Datafolha.

Au second tour, c'est plus que serré entre Fernando Haddad et Jair Bolsonaro qui sont à 40 %-40 % chez Ibope et 41 %-41 % chez Datafolha. Le candidat du PSL a nettement recollé face à ses autres adversaires potentiels (38 %-38 % chez Ibope et défaite 40 %-39 % chez Datafolha face à Geraldo Alckmin, défaite 40 %-39 % chez Ibope et 45 %-39 % chez Datafolha face à Ciro Gomes et victoire 41 %-36 % chez Ibope et 42 %-42 % chez Datafolha face à Marina Silva). Ciro Gomes vaincrait dans tous les cas de figure émis par Datafolha, Fernando Haddad et Marina Silva perdraient eux dans tous les autres scénarios et seraient à 37 %-37 %, selon Datafolha, s'ils s'affrontaient.

Le point sur les derniers sondages des gouverneurs

Les instituts Ibope et Datafolha ont publié cette semaine une nouvelle enquête sur l'élection pour le poste de gouverneur. A Rio, l'écart reste stable entre Eduardo Paes (DEM), qui est à 24 % chez Ibope et 22 % chez Datafolha, et Romario (Podemos), à 18 % chez Ibope et 14 % chez Datafolha. Anthony Garotinho (PRP) suit, à 12 % chez les deux instituts.

Au second tour, Eduardo Paes est donné vainqueur contre Romario (37 %-31 % pour Ibope, 38 %-32 % pour Datafolha) et Anthony Garotinho (41 %-24 % pour Ibope, 43 %-25 % pour Datafolha). Romario vaincrait face à Anthony Garotinho (38 %-25 % pour Ibope, 39 %-26 % pour Datafolha).

A São Paulo, le scénario est beaucoup moins clair. Pour Ibope, Paulo Skaf (MDB) devance, avec 24 %, João Doria (PSDB), qui est à 23 %. Marcio França (PSB) suit à 9 % et Luiz Marinho (PT) à 8 %. Pour Datafolha, c'est João Doria qui est devant, avec 26 %, contre 22 % pour Paulo Skaf, 11 % pour Marcio França et 7 % pour Luiz Marinho.

Au second tour, les deux instituts s'accordent : Paulo Skaf l'emporterait face à João Doria (38 %-34 % pour Ibope, 40 %-36 % pour Datafolha).

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